Les films romantiques sont construits sur le même (piteux) canevas.
Au début du film,
le personnage principal, souvent une femme, est en échec sentimental (les scénaristes des films romantiques font partie du club des enfoirés) Un peu maladroite, un peu looseuse, afin de la rendre attachante, elle n'a probablement pas fait l'amour depuis 1 an.
Attention, c'est une bonnasse.
Même s'il lui rajoute une queue de cheval et des lunettes (la panoplie de la moche selon les ricains?), elle reste bonnasse.
Et que la spectatrice se rassure : si elle se tape le beau, alors elle aussi le peut.
(La spectatrice devrait pourtant se rappeler que la probabilité de se taper George Clooney est équivalente à ce que moi je me le tape : proche du 0 absolu).
Et puis la rencontre.
Souvent une maladresse de plus qui pousse Madame dans les bras de Monsieur.
Quelque fois ils font genre "On se déteste."
Mais très vite, le côté "Là, c'est différent", grossi 1 millions de fois et brandi sous ton nez te fait comprendre que c'est bien ce Monsieur qui trempera son doigt dans la pastèque de Madame.
...
Pardon, c'est un film romantique.
Je reprends.
Donc, la rencontre.
La magie.
Les étincelles.
(Mieux que Walt Disney).
La première nuit d'amour.
Avec les images au ralenti.
Les enchaînés de fondu.
Et le mec à côté qui joue du piano.
Mais attention, quelque chose / quelqu'un (le passé du personnage, ses mensonges, sa manière d'être, un entourage hostile de l'objet de convoitise, type mère surprotectrice...) vient mettre en péril ce couple fragile.
Oh mon Dieu, serait-ce la fin ?
Le personnage marche tristement, erre sous la pluie, de préférence avec une musique qui te donne envie de te suicider.
Suivie d'une sorte d'ellipse sur le temps qui passe.
On le voit dans son quotidien, tirant une tronche de 4 mètres.
(Toujours avec une musique de merde).
Mais soudain le réveil (youhou, que de rebondissements, mon coeur va lâcher)
Un ressort dramatique vient remettre la machine en branle :
- non mais en fait, il a jamais reçu mon texto, c'est pour ça !
Le personnage se met à courir, de préférence dans un aéroport/une gare/ un port (ah ben oui, l'autre est en train de se casser) et attrape in extremis son objet pour lui dire : "Non mais je t'aime quoi tu vois".
Sous les applaudissements des passagers
(Sont pas énervés qu'une morue retarde leur avion du fait d'un excès d'hormones ?)
Ils s'arrêtent, se regardent en souriant niaisement, avec des yeux de "Serait-ce possible ?"
(Et si possible d'ailleurs, avec la piste 10 du CD : toujours une musique de merde). Ohh. C'est beau. C'est magique.
(Encore mieux qu'un p'tit pétard...
Non, je déconne hein).
Et puis l'épilogue.
Mariage, bébé... Ou bêtisier (Le combo c'est le top).
Mmmm...
Alors voilà,
Que les choses soient claires,
Sache que dans mon film romantique, ami lecteur, je n'en suis probablement qu'au générique de début (c'est à dire l'étape 1, la morue esseulée).
Je ne sais pas si un jour je serais en train de courir dans un aéroport.
Mais, moi, mon film, il sera vrai.
Il serait pétri d'instants authentiques.Ma musique, elle sera belle. Forte.
Mon amour sera vivant, déchirant, vibrant.
Il me fera mal.
Il m'en fera baver.
Il me fera dire que plus jamais je n'aimerai.
Il me fera crever.
Pour mieux me faire renaître.
Mon film à moi sera tout.
Tout.
Tout.
Et plus encore.