Parce que c’était l’exercice de présentation au théâtre.
Face public, les bras le long du corps, je devais dire ce que je sentais.
« Je me sens nostalgique. »
Après, le prof te disait un mot, et sans réfléchir tu devais en dire un autre.
Genre il te dit « chaise », moi je réponds du tac au tac « table ».
Il me dit « père », je dis « loin »
Il me dit « mère », je dis « fragile »
Il me dit « sœurs », je dis « sourire »
Il me dit « solitude », je dis « présente »
Il me dit « rouge », je dis « défi »
Il me dit « vert », je dis « caca d’oie »
Il me dit « garçon », je dis « nombreux » (non mais quelle fille de mauvaise vie)
Il me dit souffrance, je dis « corps » (je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça)
Après il me dit, tu dis tout ce que tu aimes, en commençant tes phrases par j’aime.
Alors, au début, je ne savais pas quoi dire.
J’avais faim. Alors j’ai dit :
J’aime manger.
Et puis un peu soif.
J’aime boire.
J’aime boire et manger.
Et je me rappelais qu’il y avait Grey’s Anatomy ce soir.
J’aime regarder la télé.
J’aime boire et manger devant la télé.
Là, y’a un mec qui a chuchoté « génial… »
Je l’ai regardé et je lui ai dit « t’as vu un peu quelle poésie hein !»
Le prof m’a dit : Souviens-toi de ce que tu aimes. Ce que tu aimes vraiment.
…
Je réfléchis.
Je ferme les yeux.
Et je me rends compte que ce que j’aime, c’est vachement loin en fait.
Ça remonte à une époque où les souvenirs sont ce qu’ils sont : petits, vagues, presque vivants.
Alors j’ai commencé à dire ce que j’aimais vraiment.
J’aime le bruit du vent dans la cheminée.
J’aime me coucher le soir sous ma couette encore froide et entendre la pluie qui commence à tomber.
J’aime marcher pieds nus dans l’herbe.
J’aime fouiller dans les recoins de ma maison avec mes sœurs pour trouver les cadeaux de noël. J’aime bien Noël d’ailleurs.
J’aime bien décorer, enfin, surcharger le sapin qui ne ressemble plus à rien avec toutes les décorations accumulées depuis 1987.
J’aime laisser ma main le long d’une vitre ouverte d’une voiture et sentir le vent qui la repousse.
J’aime ouvrir la fenêtre de chez moi et tomber sur trois têtes de chevaux blancs qui me regardent.
J’aime regarder mon chien qui est très beau mais qui n’a pas compris le sens du mot « s’arrêter », et qui se vautre dans un mur, dans les escaliers ou dans mes jambes quand il va trop vite.
J’aime entraîner mes sœurs et mon père prés du château d’eau pour « regarder la vue », m’extasier et entendre leurs moqueries de loin.
J’aime qu’une vieille photo tombe d’un livre, d’un endroit poussiéreux, et me rappelle comment c’était avant, le genre de photo que tu as oublié, et quand tu la revois, d’un coup, tu fais un « ah ouaiiiiiis », et tu la regardes trois plombes avec un sourire un peu niais.
J’aime la neige qui scintille au soleil et qui t’aveugle.
J’aime lever ma tête vers ce soleil, et rester un peu comme ça, comme une adoratrice, pour sentir ses rayons qui réchauffent les parcelles de ma peau abîmée.
J’aime me sentir vivante et petite à la fois.
J’ai ouvert les yeux. J’avais oublié que j’étais devant des gens. Je les ai regardés un peu comme si c’étaient des intrus qui m’avaient surprise en train de faire une chose bizarre ou ridicule.
Je suis revenue parmi les vivants, revenue dans les temps présents.
C'est fou comme, lorsqu'on se souvient des choses, on peut les revivre et s'y retrouver.
ça fait du bien, mais ça rend triste en même temps.
Face public, les bras le long du corps, je devais dire ce que je sentais.
« Je me sens nostalgique. »
Après, le prof te disait un mot, et sans réfléchir tu devais en dire un autre.
Genre il te dit « chaise », moi je réponds du tac au tac « table ».
Il me dit « père », je dis « loin »
Il me dit « mère », je dis « fragile »
Il me dit « sœurs », je dis « sourire »
Il me dit « solitude », je dis « présente »
Il me dit « rouge », je dis « défi »
Il me dit « vert », je dis « caca d’oie »
Il me dit « garçon », je dis « nombreux » (non mais quelle fille de mauvaise vie)
Il me dit souffrance, je dis « corps » (je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça)
Après il me dit, tu dis tout ce que tu aimes, en commençant tes phrases par j’aime.
Alors, au début, je ne savais pas quoi dire.
J’avais faim. Alors j’ai dit :
J’aime manger.
Et puis un peu soif.
J’aime boire.
J’aime boire et manger.
Et je me rappelais qu’il y avait Grey’s Anatomy ce soir.
J’aime regarder la télé.
J’aime boire et manger devant la télé.
Là, y’a un mec qui a chuchoté « génial… »
Je l’ai regardé et je lui ai dit « t’as vu un peu quelle poésie hein !»
Le prof m’a dit : Souviens-toi de ce que tu aimes. Ce que tu aimes vraiment.
…
Je réfléchis.
Je ferme les yeux.
Et je me rends compte que ce que j’aime, c’est vachement loin en fait.
Ça remonte à une époque où les souvenirs sont ce qu’ils sont : petits, vagues, presque vivants.
Alors j’ai commencé à dire ce que j’aimais vraiment.
J’aime le bruit du vent dans la cheminée.
J’aime me coucher le soir sous ma couette encore froide et entendre la pluie qui commence à tomber.
J’aime marcher pieds nus dans l’herbe.
J’aime fouiller dans les recoins de ma maison avec mes sœurs pour trouver les cadeaux de noël. J’aime bien Noël d’ailleurs.
J’aime bien décorer, enfin, surcharger le sapin qui ne ressemble plus à rien avec toutes les décorations accumulées depuis 1987.
J’aime laisser ma main le long d’une vitre ouverte d’une voiture et sentir le vent qui la repousse.
J’aime ouvrir la fenêtre de chez moi et tomber sur trois têtes de chevaux blancs qui me regardent.
J’aime regarder mon chien qui est très beau mais qui n’a pas compris le sens du mot « s’arrêter », et qui se vautre dans un mur, dans les escaliers ou dans mes jambes quand il va trop vite.
J’aime entraîner mes sœurs et mon père prés du château d’eau pour « regarder la vue », m’extasier et entendre leurs moqueries de loin.
J’aime qu’une vieille photo tombe d’un livre, d’un endroit poussiéreux, et me rappelle comment c’était avant, le genre de photo que tu as oublié, et quand tu la revois, d’un coup, tu fais un « ah ouaiiiiiis », et tu la regardes trois plombes avec un sourire un peu niais.
J’aime la neige qui scintille au soleil et qui t’aveugle.
J’aime lever ma tête vers ce soleil, et rester un peu comme ça, comme une adoratrice, pour sentir ses rayons qui réchauffent les parcelles de ma peau abîmée.
J’aime me sentir vivante et petite à la fois.
J’ai ouvert les yeux. J’avais oublié que j’étais devant des gens. Je les ai regardés un peu comme si c’étaient des intrus qui m’avaient surprise en train de faire une chose bizarre ou ridicule.
Je suis revenue parmi les vivants, revenue dans les temps présents.
C'est fou comme, lorsqu'on se souvient des choses, on peut les revivre et s'y retrouver.
ça fait du bien, mais ça rend triste en même temps.
2 commentaires:
Très joliment nostalgique...
Merci...
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