Les fauteuils sont rouges.
Le sol est tapissé de léopard.
Les murs sont recouverts de lourdes teintures pourpres, de miroirs rococo et de dorures entortillées autour des tableaux de maître.
C’est dans cette ambiance feutrée que m’a emmenée LBGQLS.
Le Beau Gosse Qui Le Sait.
OUI, JE SAIS.
Ayant refusé un fast fucking, fast throwing avec lui, Monsieur LBGQLS, qui ne doit pas avoir l’habitude du son « non » prononcé par une voix de femme s’enroulant autour de son oreille, a souhaité m’offrir un autre verre.
Miracle ?
Non.
Tristement prévisible.
Mon accord flatté l’était tout autant.
Il m’emmène donc dans ce boudoir huppé, dans lesquels des mannequins taille 32 s’affalent avec grâce, tenant de leurs longs doigts fins des coupes de champagne qui pétillent au bout de leurs bras. Elles secouent leurs cheveux et leurs rires cristallins emplissent la pièce, bercée par des notes de jazz, ambiance in the mood.
Une vieille dame outrageusement maquillée, assise sur un grand fauteuil doré, tenant une canne dans sa main droite, nous adresse un « bonjour ». Je crois reconnaître les notes graves de la voix de Jeanne Moreau. La veille dame fume un gros cigare et nous sourit, nous désignant de la main The place to be.
Je me suis sentie rétrécir à vue d’œil et je dois faire un effort surhumain pour donner l’impression d’être aussi à l’aise que les sirènes étalées sur les teintures rouges. Je calme les tremblements de mes mains et fait taire cette voix qui me murmure
« Mais que fais tu ici ? »
Je lui souris. Lui aussi.
Un homme portant la moustache de Dali nous fait asseoir et nous emmène aussi sec deux coupes de champagnes dans une pirouette maîtrisée, suivi d’un suraigu « J’arriiiiive tout de suite ma chérie ! » lancé vers la main qui s’agite dans le fond de la salle.
LBGQLS lève sa coupe. Il me dit
« Tu es classe comme fille. »
Je ne peux réprimer le tremblement ultime de ma main qui s’échappe et lui renverse une partie du contenu de ma coupe sur lui.
Je murmure des « Oh mon Dieu, je suis désolée, pardon, je suis tellement maladroite. »
Et lui, me sourit et me dit : « Rappelle moi de ne plus te faire de compliments. »
Ses yeux, tellement surs de lui, qui s’attendrissent sur ma gêne, m’agacent au plus profond de moi.
Non, je ne suis pas cette fille intimidée par les gens qui suintent le fric, les ambiances chic, hype, où la coupe de champagne est à 40 euros.
J’arrête d’éponger le champagne. Je le regarde. Je lui dis :
« Je ne suis pas à ma place ici. »
Lui « Pourquoi ? Bien sur que si. »
Moi « Non. Ce n’est pas moi. »
Lui « Si tu veux réussir dans le cinéma, va falloir que tu passes par là. Que t’apprennes et que tout le monde saches qui tu es, que tu te comportes en reine. Parce que ce sont les reines qui font des films. Ce sont elles qui ont le premier rôle. Pas la roturière. »
Moi « Je ne veux pas être cette reine là. »
Lui « Tu rêves. »
Moi « Mais heureusement que je rêve. Et je continuerais. Je suis persuadée que je peux choisir le monde dans lequel je veux vivre. »
Lui « Non, c’est lui qui te choisit. »
Moi « Je ne crois pas »
Dieu. Ce qu’il est beau. Mais pourquoi est-il si beau ?
Lui « Tu me plais. »
Argh. Putain, ce n’est pas vrai. Revoilà les tremblements.
Lui « Je veux te revoir. »
Moi « Tu es marié et tu as une petite fille. »
Lui « Je suis en train de quitter ma femme, ça ne va plus entre nous.»
(Je me retiens à la table pour ne pas hurler de rire face à cette réplique dont les quotas d’utilisation ont dû dépasser le million.)
Moi « Rappelle moi le jour où tu l’auras fait, j’entends celui où tu auras pris tes affaires, déposé ton alliance sur la table de nuit et poussé la porte de ton nouvel appartement. »
Lui « Tu es une fille bien. »
Moi « Flatter mon ego ne me fera pas coucher avec toi. »
Lui « Quel dommage. »
Maîtrise de la situation.
1, 2, 1, 2.
Pense à quelque chose de totalement antisexuel.
…
Cake à la banane.
…
Et merde…
Il m’embrasse sans me demander mon avis.
Un courant électrique parcourt ma colonne vertébrale.
Connexion Synaptique de la Raison intervient et me dit : « Alerte ! Alerte ! Calme tes ardeurs. Cet homme est marié et cherche juste à t’en mettre plein la vue pour avoir ce que tu lui as refusé la dernière fois. Réveille toi vite avant qu’il ne soit trop tard pauvresse ! »
J’ouvre les yeux.
Je me recule.
LBGQLS « Quoi ? Qu’est ce qu’il y a ? »
Moi « Rien. Je pense à… Rien. Tu veux bien me ramener chez moi, s’il te plaît ? »
Ce que le LBGQLS fait.
Derrière son scooter, avec le froid qui me mord les jambes et le visage, je pense à une personne et un violent élan de tendresse m’envahit.
LBGQLS me dit « Je te rappelle et on se fait une bouffe cette semaine ? »
Moi « Si tu veux. »
Il semble découragé par mon absence de motivation.
Ultime baiser déposé au bout de mes lèvres.
Plus rien depuis.
Aucun appel.
C’est mieux. Je ne sais pas si j’aurais pu me maîtriser et jouer à ce jeu encore longtemps.
C’est vrai ce que l’on dit finalement.
Notre pire ennemi, c’est nous.
mardi 11 mai 2010
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Non, jdéconne toujours hein...
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