Quand tu t’endors le soir, tu penses à un truc.
Qui te fait penser à un truc.
Qui te fait penser à un autre truc.
Qui te fait penser à un autre truc encore.
Ce qui fait qu’au début,
tu te demandais quelle était la position sexuelle préférée de Mickey avec Daisy quand Minnie se fait faire les ongles des doigts de pieds (comment ça elle a pas de pieds ?)
Pour penser à la fin, à toutes les mains que tu as fictivement serrées dans le métro en te tenant à la barre et qu’en plus après, tu t’es même pas lavé les mains pour manger ton sandwich et que si y’avait une main qui venait de torcher un cul, ben peut-être que tu as mangé des particules de caca qui, en plus, ne t’appartiennent même pas.
Aucun rapport donc.
Mais hier, je ne sais pas pourquoi, j’ai pensé à Pauline.
Pauline, c’est une fille que j’ai rencontré au théâtre.
Pauline, c’est une fille qui est prisonnière de son corps.
J’osais pas lui parler au début, parce que je ne savais pas comment m’y prendre. Je ne savais pas si elle m’aurait comprise en plus. Je lui ai fait un coucou de loin.
Sa mère s’est approché de moi et m’a dit : « Elle ne te voit pas, elle est aveugle. »
Je lui ai dit : « Désolée, je fais ma blonde à des moments où il faut pas. »
Elle me dit : « Viens lui parler, elle te connait. »
Je lui dis : « Ah bon ? Mais…Elle… »
Elle me dit : « Oui, elle comprend tout. Elle n’est paralysée que du corps. »
Je lui dis : « Ah… Ok, ben je vais lui dire bonjour. »
Alors, je me suis approchée, je lui ai tapé la bise, et je lui ai dit :
« Hé Pauline, ça farte ? Tu me connais à ce qu’il parait ? Tu m’espionnes ou quoi ? »
Là, elle a eu une sorte de spasme et j’ai cru qu’elle s’étouffait.
J’ai regardé sa mère avec des gros yeux, je voulais lui dire : « Merde, qu’est ce que j’ai fais, qu’est ce que j’ai dit ? »
Elle m’a dit : « Ne t’inquiètes pas, elle rit. »
…
J’étais effrayé et…Je ne sais pas, contente à la fois.
Elle m’a appelée par mon prénom en prenant une immense inspiration.
Un effort colossal ensuite, pour me demander si je connaissais ce garçon qu’elle aimait bien.
Je lui ai dit : « Machin ? Ah oui, je le connais. Pourquoi, il te drague ? Fais gaffe, il se tape toutes les minettes du coin. »
Nouveau spasme. Elle prenait une sorte d’inspiration asthmatique, c’était comme si elle aspirait de l’air pour la dernière fois de sa vie.
Je me sentais bizarre, j’avais l’impression de lui faire du mal et du bien à la fois.
C’est comme le jour où sa mère m’avait invité chez elles, pour me baigner.
Je plonge dans la piscine, là j’entends sa mère qui me dit :
« Attention ! »
Et elle jette Pauline dans l’eau.
Elle a flotté dans l’air comme une poupée désarticulée.
Etrange vision.
J’ai eu un haut le corps et je me suis précipitée sur elle.
Sa mère m’a dit : « Ne panique pas ! Elle sait flotter ! »
Incroyable.
Elle arrivait à faire des mouvements tordus avec ses bras pour s’approcher de moi. Et elle s’est accrochée à mon cou. Elle respirait très fort en disant mon prénom. Je lui ai dit que putain, elle savait mieux nager que moi. Elle a eu ce spasme qui m’était devenu familier. Je suis resté longtemps avec elle dans l’eau, jusqu’à ce que nos lèvres deviennent bleue et que nos doigts tremblent à cause du froid. Faut dire qu’il faisait nuit quand on est sortie.
Je l’ai portée jusqu’à l’intérieur. J’ai regardé sa mère la laver. Son corps était tellement étrange. Comme si les articulations s’étaient repliées sur elle-même. Elle était secouée entièrement de ses spasmes quand sa mère lui faisait des chatouilles.
C’était bizarrement magnifique.
Ça fait plusieurs années que je ne l’ai pas vue.
Parfois, des personnes surgissent à l’improviste dans la tête.
Et la tristesse de ne plus les voir nous enserre le cœur, les souvenirs déferlent et se mêlent au spleen du temps qui passe et repasse sans prendre le temps de s’arrêter un moment.
Aprés, j'ai fini par m'endormir.
7 commentaires:
Ok donc là tu m'as juste mis en bad total pour le reste de la journée... C'est une jolie histoire qui colle une boule dans le ventre.
Persephone : Ouaip, la boule au ventre elle me vient toujours quand je pense à elle.
Toi, sors de ton bad et travaille tes textes. Ma dose me manque là!!!
Tes 30 visites c'est moi qui vient compulsivement sur ton blog pour voir la suite de Bart le chien ou d'Hector le troyen..
Jsuis accro ça y est...
Ok je me resaissis!
pour les visites, t'inquiète pas tu ne peux pas compter pour plus de 2 visites par jour (un truc d'adresses IP je sais pas trop quoi. bref.) donc je n'appelle pas encore les petits bonshommes en blanc pour t'emmener... Bart revient demain...
hum ressaisis... j'vais manger un bescherelle et un ptit robert ça va me faire du bien
putain Blondasse entre ta pauline et ma guadalupe de jesus, on a décidé de faire chialer toute la blogo :)
c'est magnifique ma choupette
Persephone : Yepee! Bon, j'attend la suite de Bart alors! Et bon appetit bien sur.
Saritaaaa : Ouaip ma salope préférée...On es forcé d'être inspiré sur ce coup, je crois..
Elle est toujours aussi tristement belle et magnifiquement triste cette histoire...
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