mardi 6 novembre 2012

Le "Il faut Sauver Mamie" du jour

Vendredi soir.
Je sors de la dernière séance de cinéma avec BigBij.
On décide de rentrer à pied.

Tiens, c'est quoi cette forme allongée ?

Une mamie, étendue sur le sol, avec un type bizarre qui lui tourne autour.

"Heu... Madame ? ça va ?"

La mamie s'agrippe à moi et m'envoie un putain de souffle alcoolisé dans la tronche.
J'avais l'impression de respirer du baba au rhum.

- "Qui t'es toi ?"

- " Ben je suis Liliiom. Il se passe quoi Madame, pourquoi vous êtes allongée ?"

- "Je peux pas me lever, j'ai plus la force."

- "Bon, heu... Bigbij, tu téléphones à nos amis les pompiers ?"

Il était environ 00h30.
Il faisait froid, j'avais mis mon genou sous la tête de la mamie, pour ne pas qu'elle touche le sol.
1h30.
Les pompiers ne sont toujours pas là.
En fait, ils ne veulent pas venir, parce qu'elle est alcoolisée.
Bigbij fait les 100 pas, les rappelle, les insulte et leur crie même dessus :
"Vendre vos calendriers, c'est tout ce que vous savez faire, bande de blaireaux !"
Moi, je mets des claques à la mamie, pour ne pas qu'elle s'endorme.
Elle alterne différents épisodes, me remerciant à chaudes larmes, puis me tirant soudain les cheveux en m'insultant. J'essaie de tenir bon.
A un moment, elle me dit : "Mets toi toute nue, on fait du sexe."
"... Heu, non, ce serait vraiment bizarre quand même".
Elle me lèche la main et essaye de me toucher. Et moi, je dois la retenir sans la repousser trop violemment même si me faire ploter avenue Clichy par une septuagénaire à 1h30 du matin n'est pas très courant.

Elle me dit que je suis "sa petite créature".
Que tous ses amis sont morts.
Et que, elle aussi, elle est morte, de toute façon.
Alors, que je la laisse tranquille. Que je dégage.
Non, il faut que je reste avec elle, toujours avec elle, sa petite créature.
Il faut que je jures d'être là, de ne pas la laisser seule.

Bigbij continue de téléphoner et tente de joindre la police.

Moi, je me mets à pleurer. Je craque face à la misère humaine, le froid et ma jambe que je ne sens plus.

"Mais pleure pas", me dit mamie bourrée.

"Je pleure pas. C'est mes yeux qui coulent, c'est pas pareil".

Des gens passent, s'arrêtent parfois, me demandent ce qu'elle a.
A un moment, il y a un mec qui met sa main sur elle, elle hurle.
Aucun homme ne doit s'approcher.
Un autre moment, un groupe de jeunes passent.
Les filles s'arrêtent, les mecs les retiennent "Vas-y, on s'en fout, venez là, on s'en fout."
...

Des sirènes bleues.
Enfin.
La police, que je remercie un millions de fois.
Ils me regardent, l'air contrit.
Ce sont eux qui téléphonent aux pompiers qui vont enfin ramener leur putain de camion rouge.
Partagée entre l'envie de leur balancer "vous faites vraiment chier" et "pitié, j'en peux plus".
A un moment, entre les policiers et les pompiers, à travers les phares bleus et blancs, un transexuel en porte-jarretelles traverse la place, sous le regard étonné de Bigbij.
Paris by night...

Mamie bourrée me dit :
"Tu viens avec moi à l'hôpital hein ?"
...
Je me sens tellement vide là.
Je lui dis non, je suis désolée, il faut que je rentre.

"Mais tu t'appelles comment ?" (la question est revenue environ 15 fois).

"C'est Liliiom. S'il-vous-plait, madame..."

"Quoi ?"

"Il faut que vous fassiez quelque chose."

"Quoi ?"

"Prenez soin de vous. C'est important. C'est le plus important. Vous."

Après, le pompier m'a regardé, hilare.

"Hé, c'est la 3ème qu'on ramasse dans cette avenue. Faut pas que vous vous arrêtiez quand vous voyez quelqu'un par terre hein, vous ne rentrerez jamais chez vous sinon ! MUARF !"

...

"Bigbij ?"

"Ouais ?"

"On rentre ? Je vais dessiner des têtes de bite sur le calendrier des pompiers."

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est que des conneries cette histoire, «Liliiom» tu serais bien contente d'être sauver par les pompiers. Tu ferai mieux de les respecter parce que je pense que t'es mal placée pour savoir ce que c'est ce métier.

l. a dit…

Bonjour "Anonyme",
Merci beaucoup pour ton commentaire !
Je serais bien contente d'être sauvée par de (beaux) pompiers, tu as bien raison.
Cette histoire, ou ces conneries, c'est comme tu veux hein, elle est vraie, à 100%. Je n'ai rien inventé.
Nous avons attendu 1 heure et la dernière réflexion du pompier a bien été dite...
Derrière chaque fonction, il y a un homme.
Qui peut être plus ou intelligent...
D'où ma dernière réflexion, plus ou moins intelligente, je te laisse seul juge.
Je les respecte les pompiers, je les aime, je les embrasse.
Mais quand je vois un mufle, pompier ou pas, président de la république ou pas, j'ai envie de lui dessiner une quéquette sur la figure.
J'espère que tu me pardonneras ?
Bizouilles !

Benvenuto

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visite.

Non, jdéconne toujours hein...