mercredi 5 novembre 2008

Un nuage qui se coince




C’est même pas que je me sens seule parce que je viens de me prendre un plan monumental, c’est que je le suis.
Tu vois, j’allais écrire, jusqu’à hier, c’est à dire y’a même pas 1 heure, que j’étais sur un petit nuage blanc bien confortable et tout.
Là, c’est comme si le nuage s’était évaporé de dessous mes fesses et était entré dans ma bouche, m’étouffant.
En ce moment, il est bloqué dans le sternum.
C’est pas qu’il m’empêcherait de respirer, mais presque.
Tu vois, je pensais que ça y était, que je pouvais faire enfin confiance et arrêter de faire ma pétasse toute fière.
Et ben pan, pan et re pan dans ta gueule.
Le début, tu sais, celui où tout est bien, où il est parfait, où t’es parfaite, où vous vous entendez trop bien et tout… Ben putain, il aura été court là tu vois.

J’aillais écrire que je me sentais belle pour une fois.
Je te jure.
Parce que ça m’était jamais arrivé.
De me sentir belle.
En fait, quand j’étais au collège, j’étais même carrément moche. Repoussante.
J’avais la panoplie de la guenon pré pubère.
Des cheveux gras après 2 heures de shampoing, agrémentés de pellicules.
Un appareil dentaire qui transformait mes dents en gare de chantier.
Des binocles tordues.
Et surtout une peau…Je me pétais un bouton blanc, y’en a trois autres qui poussaient dans la seconde. Par vengeance.
Les bâtards.
Je me maquillais pas, je me coiffais pas, je m’habillais comme un sac (oui, je sais, ça n’a pas beaucoup changé.)
Et je te jure, je te raconte pas des salades.
Je me regardais dans le miroir, et je me trouvais tellement moche que j’étais persuadée, mais vraiment persuadée, qu’aucun mec ne voudrait jamais coucher avec moi.
Alors, je me disais que j’aillais entrer au couvent.
C’est pas une blague.
J’avais même un petit jésus à côté de la chaîne Hi fi, et de temps en temps, je le regardais, je le fixais et je lui disais :

« …
Pourquoi tu m’as faite aussi vilaine ? »

Bon, lui, il se contentait de regarder ses pieds avec ses yeux de plastiques.
Et puis miracle.
Pas le genre qui descend du ciel avec une petite paire d’ailes dans le dos.
Non, un vrai miracle.

La pilule.

Ça a changé ma vie, parce que :
- Déjà, ma peau purulente s’est transformée en quelque chose d’acceptable. Ça, c’était énorme.
- J’ai eu des seins. Comment j’étais contente.
- J’ai eu des cheveux moins dégueu. Bon, je sais pas si c’était à cause de la pilule, mais ça change pas mal aussi.
- Et puis, à la même période, on m’a enlevé l’appareil dentaire. J’en revenais pas d’avoir un sourire qui faisait pas reculer les gens.

6 mois après, paf, j’ai eu un copain, un vrai de vrai.
Je crois bien qu’il m’a aimé.
Mais je me suis jamais sentie spécialement belle pour lui.
Même aujourd’hui. Je me regarde dans la glace. Je me dis. Bon.
Voilà, faut bien s’accepter hein.
Je me trouve pas moche. Ni belle. Je me trouve normale. Des fois, quand je m’arrange et tout, je me dis que je suis capable de plaire. Et puis, avec mes blagues trop mortelles, c’est bon, je me les met dans la poche les petits gars.
Bref.
Je ne me suis jamais sentie belle aux yeux d’un mec.
Je me suis déjà sentie désirable.
Des fois, on m’a dit que j’avais « des seins mortels », ou « un beau cul ».
Bon, on prend ce qu’on a, hein, on va pas chipoter.

Et là, tu vois, pour la première fois de ma vie, je me suis sentie belle.
En fait, il me regardait.
Enfin, il faisait plus que me regarder.
J’avais l’impression qu’il voyait tout en transparent, à travers moi, que je pouvais rien lui cacher. Mais c’était pas un regard qui dérange. Il était tout doux.
Il me regardait comme ça, sans rien dire.
Il détaillait mon visage.
Moi, je stressais un peu.
Je me disais qu’il repérait tous mes défauts.
Alors, je lui ai sourit. Un sourire qui voulait dire : « ben ouais, je sais, mais j’y peux rien si je suis faite comme ça. »
Là, il a passé son doigt au dessus de mon œil.
Il m’a encore regardé, et il a laissé son doigt sur mon sourcil.
Et là, il m’a dit :
« Qu’est ce que t’es belle. »

Putain, j’ai dû tirer une tronche de 10 mètres.
Genre, c’est la plus grosse énormité que j’ai entendu de ma vie.
Je l’ai regardé avec des yeux ronds, pour être sure d’avoir bien entendu ce qu’il venait de dire.
Là, il a fait le tour de mon œil avec son doigt, tout doucement.
Et il m’a dit :
« Tu peux pas savoir comment t’es belle. Plus je te regardes, plus je te trouve belle. J’aime ton visage, ton regard et ton sourire. Tu es belle, ma chérie. »
Là, ma mâchoire s’est carrément décrochée.
Je pouvais rien dire, je m’y attendais pas.
Je regardais juste ses yeux qui me traversait.
J’arrivais pas à parler, pour lui dire une connerie du genre « C’est vraiiii ? » Ou « Oooh merci mon bébé ».
Non, j’ai rien dit du tout.
Et j’ai essayé de ravaler des larmes qui demandaient qu’à sortir.
Putain, je vais pas chialer parce qu’un mec me dit qu’il me trouve belle.
C’est juste que quand il a dit ça, en me regardant de cette manière, j’ai pensé à moi, dans ma période ingrate.
J’aurais jamais cru que ça m’arriverait.
Sans déconner, tu m’aurais raconté ça, je t’aurais dit « Ben tiens, la bonne blague. »

Voilà, j’étais transportée.

Bon, là, je suis tombée de haut.
Mais c’est pas grave.
Franchement, même si ça a duré 10 secondes, j’ai eu l’impression d’exister dans les yeux de quelqu’un.


Et ça me retourne le bide rien que d’y penser encore maintenant.


10 commentaires:

Anonyme a dit…

Petite Laeti (qui doit devenir grande).
Tu es belle comme un coeur.
Si tu penses le contraire, je te confirme que c'est juste un (putain de) traumatisme adolescent.
Alors débarrasse toi de ça.

Liliiom, comment veux-tu aider les âmes égarées à retrouver leur chemin en enfer (donc sur cette terre), si toi-même, tu es perdue, hein ?


(pour la partie "se débarrasser de ses traumatismes adolescents", demande conseil à quelqu'un d'autre que moi)

Anonyme a dit…

la vie est faite de moments. Tu viens d'en vivre un extraordinaire car tu étais prête à le vivre. Plus tu progresseras sur toi plus tu seras capable d'en avoir d'autres. Tu es sur la bonne voie ma belle Liliom

Ozu a dit…

T'as bien dit reflexions, critiques, remarques debiles ou pas. Et si je choisis debiles tout court, j'ai le droit? J'ai atteri ici completement par hasard et ton seul post vient de declencher mon traumatisme des elastiques sur les bagues de toutes les couleurs. Petasse.

Ozu a dit…

Euh, rectification, AMICALEMENT petasse, parce-que bon, c'est la premiere fois que je viens et je n'ai pas envie de me faire bannir.

Anonyme a dit…

tu es belle petite soeur tu as un grand coeur et c est ce qui compte le plus le physique ca ne dure pas et ca change par contre l humour la gentillesse et la generosite ca reste et c est ce qu il y a de plus beau.
je t aime

l. a dit…

Cédric : Merci... Je vais essayer de retrouver mon chemin, mais c'est pas évident..
C'est fou comme ces trauma d'ado, comme tu dis, nous poursuivent.
Merci encore.

Couag : Merci aussi, mon petit Couag, c'est joli ce que tu me dis là.

Ozu : Lol, pas de problèmes. Moi aussi, j'avais des elastiques autour des bagues. Au début, ils étaient transparents. Après, ils devenaient d'un jaune pisseux.
Quel glamour.

Essai numéro un : Sur que c'est bien cool d'avoir une ainée comme toi. C'est même plus que cool.
Et t'as bien raison. Tu me manques..

Anonyme a dit…

ough (j'ignore la provenance de ce mot mais c'est celui qui me vient là tout de suite).

je pleure en lisant ton post. Des vraies larmes en pensant aux tiennes.

Je te trouve extremement belle, Laetitia. Et extremement touchante. Une manière que tu as de faire les choses avec intensité tout en leur donnant l'apparence d'être légères.

Quand je t'ai vue jouer au théâtre, j'ai été scotchée par ton charisme et la force que tu dégageais. Et j'aime pas le théâtre. Je mets toujours 1h à rentrer dans la pièce parce que je suis dérangée par le côté "surjeu" du spectacle. Mais ce soir-là, je savais que c'était important pour toi, donc j'ai traversé Paris d'Ouest en Est en sachant que la personne que j'aimais était en train de me quitter, qu'elle était même en train de séduire qqu'un d'autre à cet instant. Une loose totale.

Tous les autres comédiens m'ont gonflée, surtout le mec qui jouait le premier rôle, mon dieu que c'était long quand il déclamait... j'avais envie de me barrer. Sauf que je suis restée parce que tu étais là et que je croyais en celle que tu étais sur scène.

Je ne sais pas si on se libère des boulets de notre enfance, adolescence, des manques d'amour, des maladresses qui broient le coeur, on ne s'en libère pas tout à fait mais on peut apprendre à mettre de la distance entre eux et nous, ce que j'essaie d'apprendre à faire en ce moment, il n'est peut-être pas trop tard, on verra.

C'est décousu. Je ne mets pas de lien web, c'est personnel.

On se voit cette semaine si tu veux, quand tu veux en fait.

Et tu es très belle. C'est ton regard sur toi qui se coince là, le nuage on lui dit MERDE, il faut te mériter toi.

Plein de bisous

La fille pour qui tu fais faire des 69 aux statuettes.

l. a dit…

La fille à qui je fais faire des 69 aux statuettes (et à qui je dois filer plein de médocs encore) :

ça m'a scotchée ce que tu me dis là. Je vais conserver bien précieusement tes mots, car ils sont rares ces mots là quand ils sont écrits et destinés.
Je savais pas pour cette journée quand tu es venue me voir au théatre.
Si j'avais su...

Je n'ai pas eu beaucoup l'occasion de te dire à quel point je t'admires, et que je dois me retenir de faire ma groupie quand je vois tout ce que tu fais, et comment tu le fais.
Toujours avec un sourire qui te cloue..

Je suis rassurée de savoir que tu existes.
J'espère te voir bientôt.
Je t'embrasse, ma toute belle.

Anonyme a dit…

Ma Laeti, je n'ai pas eu la chance de te connaître pendant nos années collège, ni lycée, mais j'ai eu celle de te rencontrer il y a... 2 ans ?, et aujourd'hui j'ai (encore) envie de remercier le destin de t'avoir mise sur ma route (ou inversement). Ce que tu écris là, tu me l'as raconté... J'ai eu du mal à te croire, mais je sais que ce n'est pas dans tes habitudes de raconter n'importe quoi, ou d'exagérer, même si tu es marseillaise. ;)
J'ai juste envie de te dire, tu es super comme tu es. Physiquement ET pour tout le reste. T'as fait tellement de trucs pour moi... Laeti, quand on est avec toi, ON EST BIEN !

Allez, je te fais plein de bisous, en espérant qu'on réussira notre projet...

P.S: elle parle de quelle pièce anonyme quand elle dit que "tous les comédiens l'ont gonflée surtout le mec qui avait le 1er rôle, mon dieu que c'était long quand il déclamait" ???

l. a dit…

Ma petite marif, je suis bien contente de t'avoir trouvée, en même temps, on me parlait déjà de toi quand je ne te connaissais pas, alors on peut dire que c'est un signe!
Sinon, la pièce en question.. oui, c'est la notre... Lol... Je crois que tu sais de qui elle parle quand elle dit qu'un faisait de longs monologues (parait qu'il va se fiancer à ce que tu m'a dit!)..
Bises ma poulette

Benvenuto

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Non, jdéconne toujours hein...